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Benjamin et Sarah pénétrèrent alors dans la pièce accompagnés de deux personnes âgées, manifestement troublés et épuisés. J’appris qu’il s’agissait des grands-parents de Vincent, Matt et Alice. La famille s’était réunie dans ces circonstances douloureuses. Matt me parla d’emblée de son petit-fils et de l’affection qu’il lui portait, se sentant très proche de lui. Cela faisait de nombreuses personnes dans la pièce et tout le monde était peiné. Seule Sarah m’intriguait, elle gardait cette attitude glaciale, particulièrement à mon égard. Elle semblait si sèche, comme si tout cela la laissait indifférente. Aurait-elle quelque chose à se reprocher ? Et ses chats qui ne cessaient de la suivre…Pourquoi ces félins revenaient-ils sans cesse, comme un indice que je devrais voir mais qui restait pour l’instant dans le flou. Je préférais les mettre de côté ; au moins dans un premier temps. Je m’éclipsai car mon téléphone venait de sonner. Désormais, je ne verrai plus l’enquête du même regard. Je ne cessai depuis le début de m’orienter vers la famille de Vincent mais on venait de m’annoncer que l’ADN tiré de l’échantillon du cheveu roux retrouvé sur la scène de crime n’avait aucun lien de parenté avec Vincent. Il était peut-être temps d’élargir mes recherches …Je devais maintenant quitter les lieux et les laisser en famille.

        J’avais pourtant une idée en tête mais je ne souhaitais pas la mettre en œuvre devant la famille. Ce n’est que quelques heures après mon retour à la maison que je passai un coup de téléphone… Sarah au bout du fil. Je souhaitais la voir dès le lendemain au commissariat. Elle ne sembla pas étonnée et resta impassible comme à son habitude.

        Le lendemain, c’est une toute autre femme que je vis en Sarah. Elégante, maquillée et souriante. Comment pouvait-on être si différente d’un jour à l’autre ? Décidément cette femme suscitait de nombreuses interrogations en moi. Ce rouge-à-lèvres qu’elle portait me faisait penser à celui trouvé sur les verres. Son indifférence affectée la plaçait en parfaite criminelle. C’est pour cela que je la questionnais sur sa soirée de vendredi dernier. Elle avait un alibi, qu’elle m’avait annoncé de manière très détendue mais qui n’était aucunement prouvable : elle avait passé la soirée seule en compagnie de ses chats tandis que Benjamin était sorti voir un match de football avec des amis. Mes diverses questions ne m’apprirent rien de nouveau mais je lui demandai de ne pas trop d’éloigner pour les besoins de l’enquête. Elle acquiesça et sortit.

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