Je le laissai à ses investigations pendant que je me dirigeais vers les résidences des proches de la victime. Dans la lointaine campagne d’île de France, je m’approchai avec mon collègue d’une ferme bordée d’une sinueuse route de graviers. Dans cette ferme, les parents de Vincent. Nous devions leur annoncer la nouvelle et les interroger, c’était notre priorité. Nous frappâmes à la porte. Je devinais sans difficultés les pleurs de la famille. Ce fut le père qui nous ouvrit ; il paraissait surpris de nous voir. Il était brun, avec des yeux verts, et si je m’en tenais au dossier que l’on m’avait fourni, il s’appelait Fred. Sa femme était non loin derrière. Ils nous invitèrent à entrer, nous accueillant chaleureusement. Quand je leur annonçai la nouvelle, ils furent anéantis ; leurs voix tremblaient. « Que s’est-il passé ? », me demandèrent-ils en chœur. Je leur expliquai alors précisément ce que j’avais vu. Les deux se mirent à pleurer et étaient effondrés. Ils se prirent dans les bras et s’écroulèrent à terre. Je compris à ce moment-là qu’il était inutile de mener mon interrogatoire maintenant ; je ne voulais pas les brusquer, ils devaient commencer leur deuil – sans moi. Je leur demandai les noms et adresses des proches de Vincent et obtins un carnet rempli d’adresses. Nous fixâmes une date pour nous revoir le lendemain ; la nuit ne serait pas de trop pour récupérer. Je repartis avec ce sentiment lourd qu’ils m’avaient communiqué : le désespoir. Ma voiture, à l’image de mon état d’esprit, repartit secouée par le chemin sinueux.
Dans la voiture, je restais songeur. Quelque chose m’intriguait… Les documents de l’entreprise…Ses parents ne m’en avaient pas parlé… Et ce bout de papier avec ce mot mystérieux « oreill… ».. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Cela avait-il un sens ? Cela concernait-il la famille de Vincent ? Attention, pas de conclusion hâtive…